Claude Ryter

Potier
Praticien en art-thérapie et maïeusthésie


Un jour, une amie m'a dit que j'étais un "potier des âmes", peut-être...

La créativité vous parle, vous intrigue ?
Peut-être, simplement, pour le plaisir des yeux…
Ou, peut-être, pour suivre un chemin vers votre Être profond…
Un chemin intime et intérieur, où la créativité n’est pas loin ; sans pour autant nécessiter de compétence artistique…
Un chemin où l’on répare les blessures anciennes, ou récentes, dans la délicatesse et le respect…

Alors, les pages qui vont suivre peuvent, peut-être, vous passionner…

Mon parcours

Je vous propose de découvrir mes deux métiers et le chemin qui m’y a conduit :

- Potier
- Psycho-praticien en art-thérapie et maïeusthésie

Vers l’argile...

C’est en allant à l’école maternelle que mon frère ainé m’a montré de l’argile dans un fossé. J’ai été immédiatement fasciné par cette matière !

Dix ans plus tard, en cours de travaux manuels, l’argile a réapparu dans ma vie et, dès lors je lui ai consacré le plus clair de mes loisirs. J’avais alors 14 ans. A 16 ans, Je suis rentré à l’École Supérieure des Arts Appliqués de Paris, section « céramique », évidemment…

Suite à ce temps d’école sur cinq ans, s’en est suivi un tour de France chez des artisans potiers. Enfin, en 1978, alors fraîchement marié, je me suis installé dans la Creuse.

En 1992 nous avons déménagé en Dordogne. Là je me suis formé à l’agriculture, au sein d’un petit parc animalier que mon épouse et moi-même avons monté de toute pièce. C’était une nouvelle version du travail de la terre. Mais après quelques années, j’ai dû me rendre à l’évidence : la créativité me manquait sérieusement. Je me suis trouvé dans l’obligation de continuer cette activité contre mon gré, et petit à petit, sans que j’en aie conscience, j’ai basculé.

Par bonheur, c’est justement cette chute qui s’est avérée plus tard être un tremplin pour déployer celui que j’étais véritablement. Cette période difficile a été en fait le ferment de ma nouvelle vie, de mon nouveau métier : psycho-praticien.

Un chemin vers l’être…

C’est animé par le besoin de me comprendre moi-même que j’ai décidé de suivre une formation d’expression créatrice et d’art-thérapie.

J’aurais été bien en peine de dire où cela allait me mener ! Cependant quelque chose en moi me poussait à acquérir les compétences indispensables pour aider les autres à se découvrir eux-mêmes.

L’art-thérapie que je pratique est juste un outil graphique d’introspection : à la suite d’une promenade sur le papier avec le crayon, les yeux fermés ; on s’amuse à découvrir dans le graphisme aléatoire obtenu, des personnages, des animaux, des symboles…

On en trouve toujours. La personne accompagnée colorie les éléments qu’elle a découverts, selon son goût.

Ensuite le praticien l’interroge sur ses ressentis à propos de chaque élément, chaque couleur… Curieusement, elle peut dire, s’il s’agit d’un homme, d’une femme, son âge approximatif, etc.

Puis, en racontant ce qu’évoque le dessin elle se connecte soudain avec une partie de son histoire, un événement, un fonctionnement…

Le dessin est toujours très probant pour la personne accompagnée… Mais ne résout pas le trouble.

Suite à la formation d'art-thérapie, interpellée par la pratique du psychothérapeute Thiérry Tournebise, je me suis positionné pour suivre sa formation : la maïeusthésie, dont il est l'initiateur.

La maïeusthésie

Cette formation s’est étalée pour moi sur quatre ans. Au terme de ce travail, j’ai eu la grande satisfaction d’obtenir ma certification. La maïeusthésie est reliée aux intuitions de plusieurs chercheurs en psychologie : Jung avec l’idée de Soi et d’individuation, Rogers et Maslow pour leur humanisme subtil, ainsi que l’haptonomie de Veldman, pour son tact délicat allant jusqu’au tact psychique. Pour ne citer que ceux-là.


C’est une psychologie de la pertinence, c’est-à-dire qu’elle considère que ce qui se manifeste chez l’individu poursuit un but précis. Le travail du professionnel sera d’amener à la conscience du patient les justesses que le symptôme révèle en lui. Celui-ci n’est donc pas vu comme un trouble à éradiquer et à combattre, mais à écouter et à reconnaître. Le vieux concept de lutte contre le mal est donc revisité et dénoncé. Des millénaires d’habitudes mentales sont à réajuster. Ce sera le premier travail du praticien : voir le beau en l’Autre, libre des jugements. Installé sereinement dans un accueil inconditionnel.

Cette pratique repose sur le fait que lorsqu’un être se sent entendu et compris, il accède à ses propres ressources pour parvenir à un « mieux être ». La maïeusthésie se penche très peu sur l’histoire mais plutôt sur l’être qu’on était lors du trauma, valide ce qu’il a ressenti en terme de qualité et de quantité (ce qu’il ressent et à quel point ; quels mots lui viennent). Cette validation existentielle est thérapeutique. Cette chaleureuse rencontre intérieure et la reconnaissance que cela implique est naturellement réparatrice.

On s’aperçoit que c’est l’être que l’on était qui, jadis clivé par sécurité dans la psyché, se manifestait à travers le symptôme. Avec la reconnexion de celui qu’on était et de celui qu’on est aujourd’hui, émerge un sentiment nouveau de complétude et le symptôme, devenu inutile, peut disparaître.

La personne accompagnée peut être amenée à se pencher aussi bien sur son être passé que sur son être en devenir, ainsi que sur la lignée familiale et humaine dont elle est issue. En effet, il arrive que des symptômes visent à la réhabilitation de nos ascendants (le trans-générationnel) ou même des pans de l’humanité (le trans-personnel).

Le flux d’humanité du praticien vers le patient ne peut suffire à lui seul. Il est important que ce flux soit réciproque. Pour cela l’accompagnant va se montrer touché et plein de gratitude pour ce qui lui est confié, de sorte que l’accompagné se sente dans un échange et non envahi par la seule bienveillance du praticien. C’est un des aspects de la maïeusthésie qui manifeste toute la délicatesse de cette pratique.

Rapprochement poterie / maïeusthésie…

Ne dit-on pas dans la Genèse que l’Homme fut modelé dans l’argile, puis que Dieu lui insuffla la vie en soufflant dans ses narines ?...

Que seraient les « peuples de la Terre » sans cette formidable énergie que la planète développe de toute éternité ?

N’est-ce pas grâce à la terre que nous pouvons bâtir nos maisons, cultiver, moissonner ?

Nous, potiers, la terre qui nous intéresse plus particulièrement, c’est l’argile vierge, inculte, compacte et froide mais tellement douce et sensuelle sous les doigts du tourneur. N’est ce pas le rôle du potier d’amener cette matière inerte et lourde vers l’élégance et la légèreté ?

Le céramiste doit nécessairement acquérir un savoir-faire spécifique, pour que, dans son travail, tout son être et sa sensibilité puissent voir le jour. Cette naissance repose sur le lâcher-prise.

En effet, pour le potier que je suis, la créativité provient d’une source mystérieuse, qui, éloignée de toute réflexion, génère des formes et des décors à l’insu même de l’artisan d’art… Comme si dans cet état proche de la méditation tout découlait, issu d’on ne sait où… Sinon peut-être de la source de l’univers elle-même.

Et c’est ainsi beaucoup plus intuitivement, c’est-à-dire sans l’intervention du mental que mes décors sont devenus minimalistes. En fait très peu de traits suffisent.

En effet, lors de la réalisation de mes décors, je fais une courbe sans aucune intention. Juste une courbe qui me plaît. Je regarde ce que cela m’évoque et termine ensuite avec un minimum de traits.

L’art-thérapie quant à elle permet que se manifeste ce qui nous trouble sans pour autant dénouer ce qui se joue. Puis la maïeusthésie prend le relais pour apporter le soin nécessaire à la remédiation.

Curieusement, la maïeusthésie prend un chemin similaire à la poterie… où le praticien ne sait rien à la place de l’autre. Ne sait pas où le chemin les mène tous deux, si ce n’est qu’il mène vers ce qui en soi attend une reconnaissance, une validation dont on ignore encore la nature. Là aussi il convient de lâcher l’envie d’un résultat, d’un but. Même l’envie du soulagement du patient est abandonnée.

La créativité y est présente aussi. Pas de dogme. Rien n’y est figé. Les émergences sont prises comme telles, sans besoin de les façonner, de les modifier, de les orienter, de les maîtriser. L’être est ainsi accueilli avec bonheur, tel qu’il est afin d’accéder à son propre déploiement…

L'art-thérapie et la maïeusthésie sont donc complémentaires et, en séance, se juxtaposent avec bonheur, parfois ludiques, sans gravité inutile. Les rires n’y sont pas exclus, même si l’on effleure des émotions parfois intenses.



De la poterie à l’art-thérapie puis à la maïeusthésie, existe un lien subtil entre création et psychologie, où l’individu émerge, où le sentiment d’Être se déploie, où la vie prend tout son sens…